Fin février 1983, Peugeot lance celle qui va s’avérer être une bombe commerciale : la 205.
Le segment « B », celui des petites voitures est un segment crucial pour tout constructeur de populaires. Les nouveaux codes du design automobile se tournent vers plus de rondeur, les petites citadines n’y échappent pas et les concurrentes de la vieillissante 104 de Peugeot commencent elles aussi à s’arrondir. La 205 va donc bénéficier d’un
design moderne et fluide
et d’une nouvelle signature visuelle signée par le bureau interne qui avait été mis en concurrence avec Pininfarina.
La production débute à Mulhouse fin 1982, suivie de Poissy et de Sochaux pour cumuler quelque 2 500 unités produites par jour. La 205 cartonne et il ne faudra pas attendre deux ans pour qu’elle fête son million d’exemplaires.
D’abord carrossée en berline 5 portes, puis en coupé 3 portes (1984), elle évoluera rapidement en cabriolet (1986) et en fourgonnette avec la
205 Multi
(1985) puis avec la
205 F
(1993).
De 1983 à 1998, la petite sochalienne aura été construite à 5 278 300 exemplaires ; ce record sera battu par sa suivante, la 206.
Les moteurs « de base » de la Peugeot 205 Essence
En 1983, la 205 est proposée avec 4 moteurs essence, en 4 cylindres, fabriqués par
la Française de Mécanique
et plus connus sous leurs préfixes « X », issus de la 104 : les XV8, XV7, XY7 et XY8.
En 1987, la 205 se dote de nouveaux moteurs, issus de la Citroën AX, nommés sous le (fameux) préfixe « TU » : les TU9, TU1, TU3 et TU3S.
Le phénomène 205 GTi
Peugeot n’a que trop tardé à réagir face au succès de la bombinette de VW, la Golf GTI sortie en 1976 ; celle par qui le nom GTI est arrivé dans le paysage automobile.
Avant 1984,
la griffe sportive en matière de compacte
, c’est la 104 ZS qui, forte de ses seuls 90 cv, est dépassée par la teutonne.
Dès sa sortie, la 205 GTI bénéficie de l’enthousiasme des aficionados du lion sportif, qui voient en elle une petite 205 T16 « abordable ».
LE modèle
Leader de la gamme 205
est bien sa version sportive, la GTI. Comme les versions compétition, les modèles sportifs tirent l’image et les ventes vers le haut.
La petite GTI française aura connu 3 évolutions majeures, liées à son moteur : 105, 115 puis 130 cv.
La 205 GTI 1600 : 105 puis 115 cv
La première 205 GTI est proposée en 105 cv,
moteur XU5J.
Son équipement et sa présentation la démarquent de la Golf 1 qui termine sa course et de la nouvelle Golf 2 GTI qui arrive. La sochalienne a des jantes alu en 14’’, une ceinture de caisse avec un liseré rouge, parechocs inclus, 4 extensions d’ailes noires, un intérieur plus enjoué et elle pèse 85 kg de moins que la seconde allemande. Elle est vivace, oui … mais 105 cv face aux 112 cv de la Golf, il en manque. Peugeot revoit rapidement sa copie et en 1986, sa GTI passe à 115 cv ; son
moteur XU5JA
arrive également à point pour contrer la Renault 5 GT Turbo.
La 205 GTI 1900
Salon de Paris, automne 1986, Peugeot va mettre tout le monde d’accord avec une version de 130 cv ; son augmentation de cylindrée à 1.9L
(prononcez « unlitneuf » !)
lui apporte les chevaux qui manquaient à la première. La nouvelle GTI assume son patronyme et s’affirme comme LA GTI (8 soupapes) du moment. Nouvelles (et belles) jantes alu en 15’’, nouveau moteur
plus coupleux et plus rageur
, nouveaux trains roulants avec freins à disques à l’arrière. Son train avant est très précis (la signature des Peugeot sportives).
Dotée d’un excellent rapport poids puissance, elle envoie du lourd la 130 … avant de redescendre à 122, la faute à son catalyseur et aux normes antipollution de 1993 ! La 130 est donc plus prisée par les connaisseurs.
La 205 GTI Griffe
Même la déjà spéciale GTI a eu droit à sa série limitée ; une des plus recherchées par les amoureux de la lionne rugissante. Avec elle, la GTI se met au vert métallisé (vert Fluorite), ses jantes sont peintes anthracite (pas « en tracite ») et son intérieur cuir noir et moquette grise est des plus classes qui soit. Une
vraie série limitée collector
(dès sa sortie) produite à 1 000 exemplaires pour la France. Cette « 130 » est le graal des « 205 gétéïstes ».
La 205 et le rallye automobile
La 205 Turbo 16
Du segment B au Groupe B. La
205 T16
est une 205 sous testostérone. Présentée en 1983, elle est produite en version routière à 200 exemplaires (de 200 cv) pour lui permettre une homologation en groupe B au championnat du monde des rallyes. Développée par Jean TODT, elle est pilotée par les
« Finlandais volants »
, VATANEN, SALONEN et KANKKUNEN qui lui offrent le titre constructeur et pilote. Les français Michèle MOUTON et Bruno SABY se sont également illustrés dans ses baquets.
La 205 du Paris-Dakar
C’est une évolution de la 205 Turbo 16 de Rallye,
rallongée et modifiée pour plus de stabilité
, avec pneus et garde au sol revus à la hausse pour arpenter les dunes ; elle est impressionnante. Ari VATANEN gagne cette mythique épreuve à son volant en 1987 et Juha KANKKUNEN l’année suivante. Elle sera engagée en Afrique jusqu’en 1990 aux côtés de sa suivante, la 405 T16 grand raid, avant de lui passer le flambeau.
(Crédit photo : Wikipédia)
La 205 de Pikes Peak
En 1987, la 205 est au sommet de sa gloire ; trois versions très spéciales de la 205 Turbo 16 participent à la montée infernale du Colorado (20 km de montée, 156 virages et 1 440 m de dénivelé). C’est avec la 405 T16 que
Ari VATANEN
offrira, dès l’année suivante, une victoire à Peugeot et une montée d’anthologie pour les fans de course automobile
(immortalisée dans le film Climb Dance)
.
La 205 GTI et la 205 Rallye sur les routes de France
La « petite » 205 sous sa forme originelle, a longtemps écumé les rallyes en
groupe A
et en
groupe N
. Elle permettait aux amateurs et aux pros de courir efficacement et à moindres frais.
(Crédit photo : Solido)
Le saviez-vous ?
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L’étude de ce que sera la 205 débute en 1977 ; c’est le
projet M24
.
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La 205 et son fulgurant succès ont sauvé Peugeot de la faillite après son rachat de Chrysler Europe.
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La 205 Lacoste avait été initialement élaborée pour promouvoir un nouveau type de
toit ouvrant panoramique
(en verre) ; le succès global du modèle Lacoste a étouffé ce lancement promotionnel … ça n’a pas vraiment été vécu comme une tuile par Peugeot.
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Sur le Paris-Dakar, la 205 T16 de VATANEN pose ses cartes et met tout le monde d’accord avec
un saut de 68 mètres de long
(constaté par huissier) à plus de 200 km/h sur le sable.
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La 205 a été
le modèle le plus vendu par Peugeot
… juste après la 206.
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Une 205 Turbo 16, issue de la série des 200 et ayant appartenu à Jean TODT (ex directeur de PTS) a été vendue 419 260 € aux enchères en 2021.
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Une
205 Turbo 16 Evo2 de Rallye
, pilotée par Bruno SABY, a trouvé preneur à une vente Artcurial contre 977 440 €.
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La
205 électrique
a existé : 8 KW (11 cv !) sous son capot avant, délivrés par 12 batteries 6V qui permettaient de rouler 100 km. Une aventure expérimentale faite en 1984, bien pensée mais trop chère ; une série limitée qui aurait pu s’appeler « 205 ZEUS » (15 exemplaires seulement).
La 205 tirera sa révérence en 1998, après 15 ans de gloire. Les fameuses 205 GTI et les versions course, qui ont presque tout raflé en titres mondiaux, ont largement contribué à véhiculer
une image dynamique de la 205
, bénéfique à toutes les gammes de Peugeot.
Les nombreuses séries limitées de la 205, elles aussi, ont permis de propulser la petite « sochalionne » au firmament des ventes. L’image … toujours l’image.
Quand endurance, qualité et fiabilité sont au rendez-vous
, l’image véhiculée n’est pas une vague promesse. La 205 a fait le job et plus que le job pour permettre au lion de reprendre du poil de la bête, avant de bondir vers de nouveaux succès, avec un autre numéro qui deviendra lui aussi sacré : 206.